
SOPK et thyroïde
Table des matières
Ce qu'il faut retenir
- Le SOPK et les troubles thyroïdiens partagent des symptômes communs fréquemment confondus
- Un dérèglement de la thyroïde peut aggraver les manifestations du SOPK
- Une prise en charge conjointe est essentielle pour stabiliser l’humeur et améliorer la qualité de vie
Troubles de l'humeur
Parmi les symptômes invisibles mais profondément invalidants du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), les troubles de l’humeur occupent une place majeure. Or, ces perturbations émotionnelles ne sont pas exclusivement dues au SOPK lui-même.
Une cause souvent négligée – mais pourtant fréquente – est le déséquilibre de la thyroïde, en particulier dans le contexte de l’hypothyroïdie.
Les hormones thyroïdiennes jouent un rôle fondamental dans la régulation de l’humeur, de l'énergie et du fonctionnement cérébral. Un déficit en hormones thyroïdiennes (TSH élevée, T3 et T4 basses) peut provoquer :
- Un ralentissement global du métabolisme, menant à une fatigue intense, qui accentue la sensation d’épuisement chronique souvent rencontrée avec le SOPK
- Un abaissement du seuil de tolérance émotionnelle, augmentant l’irritabilité, l’anxiété ou les pleurs incontrôlés
- Une confusion mentale (« brain fog »), avec des troubles de la concentration et une sensation de déconnexion
Ce type de mal-être diffus, difficile à verbaliser mais extrêmement handicapant au quotidien, pousse souvent les femmes à consulter, parfois bien avant qu’un diagnostic formel de SOPK ou de dysfonction thyroïdienne ne soit posé.
Des symptômes partagés entre SOPK et hypothyroïdie
Je le constate régulièrement en officine : dans les cas complexes, il est essentiel de ne pas attribuer systématiquement l'ensemble des symptômes au SOPK. L’hypothyroïdie peut également influencer :
- Le cycle menstruel (aménorrhée, règles très espacées)
- La prise de poids inexpliquée
- La fatigue chronique
- Les troubles de concentration
Dépression et SOPK
Les femmes atteintes de SOPK sont jusqu’à 4 fois plus à risque de développer un trouble dépressif majeur, comparées à la population générale. Lorsqu’un trouble thyroïdien (notamment hypothyroïdie ou thyroïdite d’Hashimoto) coexiste, ce risque s’accentue fortement.
Pourquoi ce lien si fréquent ?
Il existe plusieurs hypothèses que la recherche explore :
- Inflammation de bas grade : le SOPK est associé à un état inflammatoire chronique, tout comme la thyroïdite d’Hashimoto. Cette inflammation perturbe les neurotransmetteurs comme la sérotonine et la dopamine.
- Dysrégulation hormonale commune : LH, TSH, insuline… Les axes hormonaux sont interdépendants. Un déséquilibre peut créer un effet domino émotionnel et neuropsychologique.
- Contexte psychologique : les symptômes physiques (acné, pilosité, fatigue, infertilité), associés à l’incompréhension sociale, favorisent la dépression.
La fatigue ne doit pas être banalisée. Elle peut indiquer un déséquilibre endocrinien sous-jacent, notamment une hypothyroïdie non détectée.
Les signes évocateurs d’un état dépressif chez une femme SOPK
- Perte d’intérêt pour des activités habituellement sources de plaisir
- Troubles du sommeil : insomnie ou hypersomnie
- Changements de l’appétit et fluctuations du poids
- Anxiété généralisée, pessimisme, culpabilité excessive
Si vous vous reconnaissez dans ces manifestations, parlez-en à votre médecin. Un diagnostic précoce permet une prise en charge efficace.
Solutions thérapeutiques
Lorsque le SOPK et un trouble thyroïdien coexistent, l’approche thérapeutique doit être multidisciplinaire, progressive et centrée sur la patiente.
Bilan biologique indispensable
Il est important de compléter les analyses classiques du SOPK par :
- TSH ultra-sensible
- T3 libre et T4 libre (pas toujours dosées d’office)
- Anticorps antithyroïdiens (anti-TPO, anti-TG)
Ces éléments permettent d’envisager un traitement par lévothyroxine si nécessaire.
Soutenir le fonctionnement thyroïdien naturellement
Certains compléments peuvent favoriser un meilleur équilibre thyroïdien et réduire la fatigue mentale :
- Iode, zinc, sélénium : cofacteurs de la synthèse des hormones thyroïdiennes
- L-tyrosine : acide aminé précurseur des hormones thyroïdiennes
- Myo-inositol et D-chiro-inositol : utiles pour le SOPK et les symptômes neuropsychiques
La complémentation doit être personnalisée : chaque femme a des besoins spécifiques.
Accompagner la santé mentale
Pour apaiser les troubles de l’humeur :
- Psychothérapie cognitivo-comportementale (TCC) : utile contre l’anxiété, les pensées négatives et l’image corporelle
- Activité physique régulière : améliore les endorphines et réduit l’inflammation
- Alimentation anti-inflammatoire : riche en végétaux, oméga-3, pauvre en sucres raffinés – pilier du Régime anti-inflammatoire et SOPK
Enfin, rappelons qu’un accompagnement humain et global est crucial pour aider les femmes à retrouver une meilleure qualité de vie et se sentir écoutées plutôt que médicalisées à outrance.
En tant que pharmacienne, je peux vous confirmer que nombreuses sont les femmes qui retrouvent du bien-être après un rééquilibrage thyroïdien, parfois après des années d’errance. N’hésitez pas à demander un bilan complet.