
SOPK et Troubles Hormonaux
Table des matières
Ce qu'il faut retenir
- Le SOPK peut être lié à des anomalies de la thyroïde : les deux dysfonctionnements hormonaux coexistent fréquemment.
- Perturbations hormonales interdépendantes : insuline, androgènes, TSH, tout est connecté.
- Une prise en charge intégrative permet une meilleure régulation hormonale globale, avec un impact direct sur les symptômes du SOPK.
Lien entre SOPK et thyroïde
Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) ne se limite pas à un excès d’androgènes et à des troubles ovulatoires. Il s’inscrit dans un déséquilibre endocrinien plus vaste, dans lequel la thyroïde occupe une place de choix.
En tant que pharmacienne spécialisée en santé hormonale, j’ai observé de nombreuses patientes recevant un diagnostic combiné de SOPK et de dysfonction thyroïdienne, le plus souvent une hypothyroïdie (et notamment la forme auto-immune : la thyroïdite de Hashimoto).
Une cooccurrence fréquente
Plusieurs études montrent une prévalence accrue de troubles thyroïdiens chez les femmes avec un SOPK. Une hypothyroïdie peut :
- aggraver les troubles du cycle menstruel
- favoriser la prise de poids et la fatigue
- accentuer la résistance à l’insuline
Ces symptômes peuvent mimer ou renforcer ceux du SOPK, rendant le diagnostic plus complexe.
Hypothyroïdie : un facteur aggravant
L’hypothyroïdie agit sur l’axe hypothalamo-hypophysaire, réduisant la production de GnRH, ce qui peut perturber l’ovulation.
De plus, une TSH élevée est capable de :
- diminuer la SHBG (protéine qui fixe les hormones sexuelles), augmentant l’activité des androgènes libres
- modifier le ratio LH/FSH souvent déréglé chez les femmes SOPK
En somme, une thyroïde lente peut entretenir voire amplifier les déséquilibres du SOPK.
Impact hormonal croisé
Pour comprendre pleinement le lien entre le SOPK et d'autres déséquilibres hormonaux, il faut considérer le rôle de plusieurs acteurs : insuline, androgènes, TSH, œstrogènes, cortisol. Ces hormones interagissent étroitement.
Résistance à l’insuline et thyroïde
La résistance à l’insuline, très fréquente dans le SOPK, peut influencer la métabolisation des hormones thyroïdiennes dans le foie.
À l’inverse, une hypothyroïdie ralentit le métabolisme général, aggravant cette résistance insulinique. C’est un cercle vicieux hormonal :
- SOPK → insuline élevée → plus d’androgènes → plus d’inflammation
- Hypothyroïdie → métabolisme ralenti → résistance à l’insuline → prise de poids abdominale
Androgènes, œstrogènes et rétrocontrôle
Le déséquilibre œstrogène/progestérone typique du SOPK accentue aussi certaines boucles de rétrocontrôle hormonal :
- Des taux élevés d’œstrogènes non opposés (par la progestérone) peuvent perturber la régulation de la TSH.
- Des androgènes élevés affectent le profil lipidique et la fonction thyroïdienne à long terme.
Cortisol et stress chronique
Le stress chronique peut peser lourd sur cet équilibre : un cortisol constamment élevé est susceptible d’inhiber l’axe reproducteur, ralentir la thyroïde et perturber la glycémie.
De nombreuses femmes SOPK souffrent d’une dysrégulation de la réponse au stress, aggravant les troubles hormonaux sous-jacents.
Approches thérapeutiques
Une approche globale est nécessaire pour harmoniser l’ensemble du système hormonal et non cibler uniquement les symptômes dominants. Cela implique des ajustements sur plusieurs plans : médicaux, alimentaires, et parfois émotionnels.
Équilibrer la thyroïde en parallèle du SOPK
Quand un SOPK est associé à une hypothyroïdie, il est crucial de bien traiter la thyroïde.
Cela peut impliquer :
- la supplémentation en levothyroxine (T4) en cas de carence hormonale diagnostiquée
- le suivi des anticorps antithyroïdiens en cas de Hashimoto
- la surveillance simultanée des TSH, T3 libre, T4 libre
Une thyroïde stabilisée permet souvent une meilleure réponse aux traitements du SOPK, notamment sur la perte de poids, la régularité des cycles et l’amélioration de la peau.
Réduire la résistance à l’insuline
Limiter la résistance à l’insuline va soulager aussi bien la thyroïde que les ovaires.
Pour cela, différentes stratégies peuvent être envisagées :
- utilisation de compléments comme l’inositol, le chrome, ou la berbérine
- alimentation à index glycémique bas (voir notre page sur Alimentation et SOPK)
- activité physique régulière, même modérée
Soutenir les glandes surrénales et la gestion du stress
Un travail sur le cortisol permet d’agir en profondeur sur le terrain hormonal. Pour cela, j’utilise souvent une combinaison personnalisée de :
- phytothérapie adaptogène (ashwagandha, rhodiola)
- techniques de respiration et relaxation
- amélioration de la qualité du sommeil (voir notre page Sommeil et SOPK)
Compléments alimentaires adaptés
Certains compléments permettent d’agir finement sur ces différentes voies interconnectées. À choisir sur conseil professionnel, ils peuvent inclure :
- zinc pour réguler les androgènes
- sélénium pour soutenir la thyroïde
- oméga-3 pour réguler l’inflammation
Chaque femme est unique : un même déséquilibre métabolique peut se manifester différemment selon le profil hormonal, les antécédents médicaux et les objectifs personnels.
Je recommande toujours un bilan hormonal complet avant d’ajuster les traitements, et de s’entourer d’un professionnel formé en endocrinologie fonctionnelle.
Pour aller plus loin, consultez également nos pages : SOPK et thyroïde, et traitements naturels et compléments alimentaires pour le SOPK.